De temps en temps, je vous présente l’une de mes lectures documentaires (ou non-fiction). Aujourd’hui, je vous parle des Ingénieurs du chaos, de Guiliano da Empoli, un écrivain et journaliste italien qui a également été conseiller de certains hommes politiques italiens.

Résumé

Un peu partout, en Europe et ailleurs, la montée des populismes se présente sous la forme d'une danse effrénée qui renverse toutes les règles établies et les transforme en leur contraire.

Aux yeux de leurs électeurs, les défauts des leaders populistes se muent en qualités. Leur inexpérience est la preuve qu'ils n'appartiennent pas au cercle corrompu des élites et leur incompétence, le gage de leur authenticité. Les tensions qu'ils produisent au niveau international sont l'illustration de leur indépendance et les fake news, qui jalonnent leur propagande, la marque de leur liberté de penser.

Dans le monde de Donald Trump, de Boris Johnson et de Matteo Salvini, chaque jour porte sa gaffe, sa polémique, son coup d'éclat. Pourtant, derrière les apparences débridées du carnaval populiste, se cache le travail acharné de dizaines de spin-doctors, d'idéologues et, de plus en plus souvent, de scientifiques et d'experts du Big Data, sans lesquels ces leaders populistes ne seraient jamais parvenus au pouvoir.

Les ingénieurs du chaos. Chronique de lecture

Ce que j'en ai pensé

On commence sa lecture en se demandant, quand même, comment Trump et consort ont pu gagner des élections en étant aussi outranciers, en mentant, en racontant et en faisant n’importe quoi... On referme le livre en se disant “Mais oui bien sûr, comment aurait-il pu en être autrement quand on regarde sous le capot”. C’est là tout l’intérêt de ce livre, qui nous explique comment fonctionnent ces nouvelles campagnes, aux antipodes de la politique “de papa”, en exploitant les bulles dans lesquelles nous enferment les algorythmes.

C’est une erreur d’y répondre par les faits, la raison... car ce n’est pas ce dont il s’agit ici. C’est pour cela que les personnalités politiques traditionnelles se sont cassé les dents sur ces opposants d’un nouveau genre. Ce n’est pas celui qui a raison, mais celui qui est le plus déterminé et qui gueule le plus fort qui a gain de cause.

Ça m’a aussi permis de comprendre pourquoi depuis quelque temps, le moindre mouvement de contestation se retrouve vite à partager la scène avec toutes les mouvances intolérantes/d’extrême droite, même si ils n’ont pas grand rapport et même si ces opinions ne sont pas partagées par la base de ces mouvements. Un phénomène qui me rendait très perplexe, mais qui devient assez clair à la lecture du livre.

La conclusion ne présage rien de bon, mais tire le fil de cette transformation de la politique jusqu’au bout de la pelote : à quoi pourrait ressembler le paysage politique si ces campagnes deviennent la norme ?

Vous avez des conseils de lecture dans la même veine ? Je suis toujours preneuse !