On entend régulièrement parler de nouveaux traducteurs automatiques qui seraient meilleurs que Google. Je n’essaierai pas ici de chercher la petite bête ou de démontrer s’ils sont bons ou mauvais, car on trouvera toujours des exemples de traductions catastrophiques, c’est trop facile. De plus, le fait que l’on continue de voir de nouveaux exemples de ce type toutes les semaines démontre bien que c’est un argument inutile que personne n’écoute. Plutôt que de démontrer ce que ces traducteurs automatiques peuvent faire, ou d’essayer de les rejeter en bloc en restant dans notre tour d’ivoire, prenons le temps de rappeler ce qu’ils ne peuvent absolument pas faire, et la valeur ajoutée d’un traducteur humain par rapport à une machine.

Soyons objectifs, ces logiciels obtiennent d’assez bons résultats pour les textes très standardisés, comme les conditions générales de vente, car il existe un gros corpus (ensemble de textes existants sur lesquels se basent les algorithmes). Si l’on teste ce genre de texte dans ces machines, on peut effectivement rapidement se persuader que la révolution technologique est en marche, que la fin de l’humain est proche. En revanche…

  • Qu’en est-il des textes mal écrits, où il faut deviner ce que l’auteur a bien voulu dire, car la syntaxe est boiteuse, ou bien parce que l’auteur a confondu sa droite de sa gauche, les euros et les dollars, j’en passe et des meilleures. Les étourderies, ça arrive à tout le monde, et souvent, le traducteur les détecte et les corrige automatiquement. En revanche, un logiciel ne détectera pas ces incohérences, car il s’attache aux mots qui sont écrits et non pas au sens sous-jacent, et traduira ce qui est vraiment écrit. Si le texte source écrit que Sydney est la capitale de l’Australie, la traduction dira la même chose, sans réfléchir, là où un traducteur pourra alerter l’auteur/le client et corriger le tir (et permettre à l’auteur/client de corriger le tir dans sa langue également). Il en va de même pour les conversions, ou pour les cas où un concept n’existe pas dans la langue de la traduction et qu’il est nécessaire de l’expliciter, sinon, le lecteur non informé ne comprendra rien.
  • Autre inconvénient, pensez à lire les conditions d’utilisation de ces traducteurs automatiques. Tout traducteur qui se respecte s’engage à traiter les documents qu’il est amené à consulter de façon confidentielle, cela fait partie de sa déontologie. En revanche, les traducteurs automatiques enregistrent généralement les recherches qui sont faites et les documents qui sont traduits, notamment pour améliorer l’algorithme. Vous perdez ainsi complètement le contrôle sur la confidentialité de vos documents.
  • Comme je le disais plus tôt, les traducteurs automatiques traduisent les mots qui sont écrits, et pas le sens sous-jacent. C’est donc un gros inconvénient pour la transcréation, la traduction de l’humour, l’adaptation culturelle, les expressions idiomatiques… à quoi bon chercher à écrire un texte de qualité, riche, avec des idées implicites ou l’humour, si c’est pour tout perdre en deux clics dans la traduction.
  • Enfin, pour les entreprises qui cherchent à se démarquer : si tout le monde utilise le même outil, les textes vont s’uniformiser, tout le monde finira par dire la même chose. Pour éviter de se fondre dans la masse, de dire la même chose que les autres, d’appauvrir la communication, de l’aseptiser, rien de mieux que de se tourner vers des humains pensant chacun à leur manière, ayant chacun leur style et leur vocabulaire.

 

Pour conclure, je dirai que la traduction automatique, c’est comme Doctissimo : ça va bien pour les petits bobos (les textes dont on a juste besoin de savoir « vite fait » le sens), mais lui confierait-on aveuglément sa santé (sa communication, son image à l’étranger, sa réputation) pour autant ?